QDF #2 – De l’utilité d’une banque d’affaires pour une petite pousse / Part 2
Comme promis, on termine notre billet sur le métier de banquier d’affaires avec trois nouvelles règles d’or. [ Les trois premières sont à retrouver ici ➡ https://www.further-finance.com/post/qdf-1-de-l-utilite-d-une-banque-d-affaires]
Cette semaine on vous parle du secret des affaires, du rôle des différents acteurs financiers dans votre entourage et du process de levée de fonds
4] La banque d’affaires, c’est opaque / occulte !
Oui et c’est souvent voulu.
Dans toute opération, l’information confidentielle est le nerf de la guerre. La contrôler, c’est imprimer le tempo de la transaction. Sur une cession ou une levée de fonds, la banque d’affaires agit comme un filtre et distille le bon degré d’informations à ceux qui ont « besoin d’en connaître ». Sur une acquisition, la banque d’affaires jouera son rôle de prise d’informations et exploitera son réseau pour établir le meilleur angle possible à l’achat.
En fonction de la dynamique du deal, une banque d’affaires choisira de s’exposer plus ou moins, de manière tactique, dans les discussions. Parfois, il peut être dans l’intérêt d’une transaction de travailler comme un « shadow cabinet » jusqu’à la signature : les parties prenantes n’ont pas conscience de notre présence mais notre client reste soutenu et conseillé. Un avantage non négligeable.
Règle d’or 4 : la banque d’affaires est un soldat de l’ombre. Batman le costume en moins.
5] La banque d’affaires est pousse-au-crime
Comme dans American Psycho, vous voulez dire ?
Le banquier d’affaires est là pour optimiser votre transaction tout en restant à un niveau acceptable pour l’ensemble des parties (sinon pas de transaction ➡ pas de palais, pas de palais ➡ pas de palais).
Nous sommes facilitateurs, animateurs, négociateurs, un peu pirates parfois ⚓mais surtout de confiance. Le seul et unique actif d’une banque d’affaires, c’est sa réputation. « Forcer » une transaction contre l’intérêt de son client, c’est le mécontenter. Et perdre toute opportunité de deal avec lui et avec d’autres clients potentiels dans un futur proche.
Règle d’or 5 : la banque d’affaires est un intime de son client
6] J’ai déjà un(e) DAF / un(e) freelance / un certificat en finance : un banquier d’affaires ne me sert à rien
Puisque l’on adresse des petites sociétés, on nous la sort à peu près à chaque fois celle-là
Que ce soit le DAF, le freelance, l’associé au capital qui a fait de la finance, l’expert-comptable… tous sont assimilés internes à votre projet et reconnus comme tel lorsqu’ils sont dans une transaction, donc partie prenante. La banque d’affaires, extérieure à la transaction, devient naturellement un interlocuteur privilégié pour la partie d’en face, garante d’une certaine souplesse des négociations.
Secret de polichinelle : les deals qui plantent, plantent souvent, à peu près, pour les mêmes raisons : l’irrationalité et l’égo des parties prenantes.
Qu’apporte concrètement une banque d’aff’?
1. Regard externe : les conseils prodigués par les banques d’affaires sont essentiellement d’ordre financier, mais avant tout d’ordre stratégique et humain
2. Crédibilité : contacter des investisseurs / actionnaires à travers une banque d’affaires permet de crédibiliser votre opération. En effet, cela confirme que votre projet a déjà passé une première sélection puisque la banque d’affaires a accepté de vous accompagner sur la transaction et a donc confiance en ses capacités d’aboutir. Il confirme également la solidité des projections financières présentées. C’est un élément déterminant dans la réussite d’une opération et peut également être un vrai gage de confiance pour vos banques de financement lors de leurs passages en comité de crédit
3. Expertise financière : nous sommes des experts de la finance, capables de travailler (très) vite et (très) bien sur les chiffres. Nos clients sont toujours étonnés de notre vitesse à concevoir des business plans justes et de notre capacité à les présenter à des tiers
4. Temps : mener une opération prend le temps et l’énergie des entrepreneurs. Faire appel à un conseil externe permet de rester focaliser sur l’activité principale de la société, que ce soit les ventes ou la R&D, qui doivent continuer de « tourner »
5. Force de négociation : trouver des opportunités est une bonne étape, négocier des conditions respectables en est une autre. Les banquiers d’affaires sont véritablement là pour aider les entrepreneuses et entrepreneurs et leurs actionnaires à mieux négocier les conditions du deal : valorisation, modes de dilution et de relution, structuration financière
Règle d’or 6 : la banque d’affaires est votre sparring partner. Soyez prêts à prendre des coups.
7] Vous faites quoi concrètement ?
Toute transaction passe quasiment par les mêmes étapes, plus ou moins décousues :
Préparation ➡ Révélation d’intentions (« LOIs ») ➡ Affinage et négociations des conditions ➡ Accord (« signing ») ➡ Transfert de propriété / mise à disposition de fonds (« closing »)
Prenons le cas d’une levée de fonds. En termes de process, la banque est le chef d’orchestre qui va rythmer l’opération en cinq temps :
1. La préparation de la documentation marketing et financière soit le deck d’investissement, le teaser et le business plan ;
2. La qualification d’investisseurs potentiels et la prise de contact avec ces-derniers ;
3. L’animation des discussions et due diligences initiales (vérification des informations commerciales, juridiques et financières transmises par la société aux investisseurs, interactions avec les parties prenantes) et des négociations avec les investisseurs intéressés pour aboutir à une term sheet ;
4. L’accompagnement sur la phase de due diligence secondaire avant la signature de la documentation juridique finale (pacte d’associés, statuts) ;
5. Et enfin l’assistance sur la bonne réalisation de l’opération jusqu’au closing (levée des conditions suspensives généralement).
Au-delà de la mise en place de process pendant l’opération, la banque d’affaires a un rôle de pédagogue qui va permettre aux entrepreneurs et entrepreneuses d’avoir un regard professionnel externe sur la stratégie de l’entreprise, sur ses prévisions financières et sur le pitch commercial auprès d’investisseurs.
Il y a environ 240 banques d’affaires en France. Si elles existent, c’est qu’il y a bien une raison
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